Je nomme Eurypyle, et vous dites : « C’est un bel esprit. » Vous dites aussi de celui qui travaille une poutre : « Il est charpentier. » ; et de celui qui refait un mur : « Il est maçon. » Je vous demande quel est l’atelier où travaille cet homme de métier, ce bel esprit ? Quelle est son enseigne ? à quel habit le reconnaît-on ? Quels sont ses outils ? (…) Un ouvrier se pique d’être ouvrier ; Eurypyle se pique-t-il d’être bel esprit ? S’il est tel, vous me peignez un fat, qui met l’esprit en roture, une âme vile et mécanique, à qui ni ce qui est beau, ni ce qui est esprit ne sauraient s’appliquer sérieusement ; (…) Mais vous-même, vous croyez-vous sans aucun esprit ? et si vous en avez, c’est sans doute de celui qui est beau et convenable ; vous voilà donc un bel esprit ; ou s’il s’en faut peu que vous ne preniez ce nom pour une injure, continuez, j’y consens, de le donner à Eurypyle, et d’employer cette ironie comme les sots, sans le moindre discernement, ou comme les ignorants qu’elle console d’une certaine culture qui leur manque, et qu’ils ne voient que dans les autres.
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