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ANTISTHENE

Qu’on ne me parle jamais d’encre de papier, de plume, de style, d’imprimeur, d’imprimerie ; qu’on ne se hasarde plus de me dire : « Vous écrivez si bien, Antisthène, continuez d’écrire ; ne verrons nous point de vous un in-folio ? Traitez de toutes les vertus et de tous les vices dans un ouvrage suivi, méthodique, qui n’ait point de fin », ils devraient ajouter : « et nul cours ». Je renonce à tout ce qui a été, qui est, qui sera un livre. (…) J’ai un grand nom, dites-vous, et beaucoup de gloire ; dites que j’ai beaucoup de vent qui ne sert à rien ; ai-je un grain de ce métal qui procure toutes choses ? (…) Et sans parler que des gains licites, on paye au tuilier sa tuile, et à l’ouvrier son temps et son ouvrage ; paye-t-on à un auteur ce qu’il pense et ce qu’il écrit ? et s’il pense très bien, le paye-t-on très largement ? se meuble-t-il, s’anoblit-il à force de penser et d’écrire juste ? Folie, simplicité, imbécillité ! Continue Antisthène, de mettre l’enseigne d’auteur ou de philosophe !